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Le "café kopi luwak" de civette: extrait de la crotte, vendu au prix de la truffe | Capsule Compatible Nespresso

Le « café kopi luwak » de civette: extrait de la crotte, vendu au prix de la truffe

12 Nov

La civette a bouleversé la vie de nombreux paysans indigents de Lipa, la capitale du café des Philippines, à quelques heures de route au sud de Manille. 

Longtemps, les paysans d’Indonésie et des Philippines ont ramassé le « café » de civette pour leur propre consommation, avant de réaliser que la pépite brunâtre rejetée dans ses excréments par le petit mammifère pouvait être vendue au prix de la truffe.

Ses festins nocturnes dans les plantations de caféiers lui sont désormais pardonnés: la civette palmiste, créature inoffensive entre belette et chat sauvage, jouit du prestige de la poule aux oeufs d’or.

« Jamais on aurait imaginé pouvoir gagner de l’argent grâce à elle », se souvient Rustico Montenegro, 44 ans. Il y a quelques années, il a cessé de récolter les précieuses cerises à même le caféier pour se consacrer au ramassage des grains dans les déchets de la civette.

Celle-ci ingère le fruit du caféier mais ne digère que la pulpe. Des enzymes contenues dans ses sucs gastriques débarrassent le grain de son amertume et l’enrichissent d’arômes apparentés au caramel.

« Il n’a aucune acidité, il a du corps et son goût est complexe (…), épicé et fruité à la fois », explique Jude Mancuya, un amateur de « kopi luwak » (son nom indonésien), dans un café de Manille.

L’homme est prêt à débourser près de 295 pesos (5 euros environ) pour une tasse de café, deux fois le prix d’une café ordinaire, mais une somme dérisoire par rapport aux prix pratiqués aux Etats-Unis ou au Japon.

Le Heirloom Coffee, dans l’Etat du Massachusetts (nord-est), propose ainsi une formule de deux tasses pour 49 dollars (35,5 euros). A New York, une boutique vend les fèves 340 dollars les 500 grammes…

La civette a bouleversé la vie de nombreux paysans indigents de Lipa, la capitale du café des Philippines, à quelques heures de route au sud de Manille.

Entre mars et mai, Rustico Montenegro et sa femme ramassent quotidiennement jusqu’à huit kilos de grains, lavés dans les sources naturelles des forêts.

A 1.200 pesos le kilo, cinq fois le prix de grains ordinaires, le couple peut gagner 9.000 pesos par journée de travail, une fortune dans un pays où un habitant sur cinq vit avec un dollar.

Hors saison, lorsque le caféier ne fleurit pas, les civettes se contentent de baies sauvages, de papayes et de bananes. Et les revenus des Montenegro s’effondrent, à 500 misérables pesos par semaine.

Vie et Basil Reyes, deux négociants, expliquent avoir découvert le café de civette en travaillant sur un projet pour sauver le palmier à sucre, autre proie de la civette qui raffole de sa sève.

Sa société, Bote Central, produit du vinaigre de palme, mais le café est devenu sa première activité avec une production de trois tonnes par an et des clients en Asie et aux Etats-Unis.

Montenegro et Reyes font partie d’une association de protection des civettes sauvages, les producteurs philippins étant tentés de se lancer dans l’élevage intensif pour accroître leur chiffre d’affaires.

Vie Reyes estime à 80% la part de la production philippine provenant de civettes en captivité. Ce mode de production est également très majoritaire en Indonésie, où le café de civette a été découvert au 19ème siècle.

lepoint.fr

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